De décembre à février, l’ANPN propose à tous les citoyens de partir à la recherche du site d’hibernation de la punaise verte des bois, la célèbre Palomena prasina ! Ce projet entre dans le cadre de la thèse de Laetitia Driss, doctorante à l’Université Paul Sabatier, Toulouse. Ses recherches consistent à modéliser les comportements de dispersion saisonnière de la punaise dans le contexte agricole. La finalité étant de réduire l’utilisation des produits phytosanitaires dans l’environnement
Pendant l’été, la punaise verte des bois, Palomena prasina, se nourrit en piquant des pommes, des poires, des prunes et surtout des noisettes. Comme nous, elle fait des réserves pour passer l’hiver, sauf qu’elle préfère les fruits aux tartiflettes, chacun ses gouts.
P. prasina est une punaise verte « pomme verte ». On peut la confondre avec la punaise verte…classique : Nezara virudula. En regardant bien, on voit que Nezara à trois petits points blancs sur le dos (pronotum) et Palomena a le bout de l’abdomen fumé ici.
En automne, cette punaise revêt ce que l’on appelle une robe automnale ! Elle change de couleur et perd son vert si caractéristique pour prendre une teinte marron-rousse. En été, elle est verte couleur feuille de noisetier et en hiver, elle est marron-rousse, c’est pratique pour la trouver tout ça (merci la sélection naturelle 😐).
Pourquoi les punaises vertes changent-elles de couleur ? Le changement de couleur n’est pas exclusif à P. prasina. La punaise verte Nezara virudula et la punaise du genêt Piezodorus lituratus changent aussi de couleur. Le pigment à l’origine de ce phénomène pourrait être de l’erythropterine. Les causes proximales de ce changement de couleur sont encore discutées. Le camouflage et la thermorégulaton sont les hypothèses les plus citées. Le camouflage peut être lié à la couleur de l’hibernacula (écorces, souches ou litières). Les punaises, comme beaucoup d’autres insectes, sont des animaux dont l’activité est liée à la température extérieure (c-à-d poïkilothermes). Dés lors, avoir une couleur plus foncée pourrait être un avantage lors des déplacements sporadiques. Toutefois, en conditions contrôlées, les punaises marron-rousses survivent mieux à l’hiver que les punaises vertes. Des facteurs, à la fois exogènes et endogènes, pourraient être impliqués (p.ex. la durée du jour, la génétique, le statut reproducteur…) Au printemps, les punaises recouvrent leur couleur verte.
Combien y’a t’il de punaises sur la photo et quelles sont-elles? la solution en fin de page
Les sites d’hibernation (ou hibernacula) chez les punaises
Les sites d’hibernation varient en fonction des espèces de punaises. Par exemple, plusieurs espèces exotiques hibernent (ou diapause) dans les maisons. C’est le cas de la punaise diabolique, la punaise verte ou encore de la punaise américaine du pin. Certaines espèces indigènes peuvent hiberner sous les écorces, dans des buissons ou encore dans la litière. Les punaises sont des insectes grégaires, c’est à dire que les individus se regroupent indépendamment du stade ou du sexe. Le phénomène est exacerbé en automne lorsque la punaise est en diapause et recherche un site d’hibernation. Pour se retrouver, elles utilisent des phéromones d’agrégation. Chez la punaise diabolique, plusieurs centaines d’individus peuvent se regrouper au même endroit. Chez nos punaises indigènes, il existe très peu d’informations concernant ces zones refuges et encore moins sur la taille des agrégats.
Pourquoi chercher le site d’hibernation de Palomena prasina ?
P. prasina est un ravageur émergeant. Elle est à l’origine de nombreux dégâts dans les vergers. Chaque année les populations augmentent et colonisent des espaces de plus en plus importants. Les producteurs de noisettes, de pommes ou de poire doivent, avec les outils d’aujourd’hui, faire face à ces nouvelles invasions. On sait peu de choses sur ce ravageur émergeant, par conséquent, il n’existe aucune solution de bio contrôle et les OAD (Outils d’Aide à la Décision) actuels doivent être adaptés.
Chez les punaises, le taux de mortalité hivernale est très fort. Par conséquent, la présence et la qualité de ces zones refuges sont des éléments clés du maintien des populations et de la dispersion des adultes. Identifier ces sites, c’est mieux comprendre la dynamique saisonnière de colonisation des vergers, ce qui, in fine, permet d’améliorer les OAD et le développant de solutions de bio contrôle adaptées. C’est le principal objectif du projet REPLIK.
Où chercher ?
On sait qu’elles n’hibernent pas dans les maisons ou les anfractuosités du mobilier urbain comme les espèces de punaises citées plus haut.
On sait qu’elles arrivent rapidement dans les vergers pendant la saison. Dés lors, on suppose qu’elles se cachent dans la nature, autour des vergers. Buissons, canopée, souches, litières, tas de branches? Les hypothèses restent ouvertes. Il s’agit d’une espèce largement repandue en Europe, vous en avez certainement dans le jardin.
J’ai trouvé une Palomena
Une photo de la punaise dans son jus! La photo nous permettra de l’identifier et surtout de caractériser le type de biotope. Les informations à associer à la photo: votre nom, le lieu et la date. La photo est à nous envoyer à: contact@anpn.eu
Hibernacula ou hibernoucoulou ?
Si vous trouvez plusieurs individus dans un espace réduit, alors vous être peut être tombé sur un hibernacula ! bingo !
Il est peut-être trop tôt, ou trop tard, alors partez à la recherche de la guêpe Samuraï !
Solution au jeu: il y a 15 punaises: deux Rhaphigastser nebulosa, une Nezara virudula, onze P. prasina dont deux avec leur robe automnale. La dernière punaise, en haut à droite, est plus énigmatique: N. virudula ou P. prasina en robe automnale? ou est-ce le mystérieux phénotype torquata !